J’ai vu l’hiver prochain. Un voyage à remonter le temps. Les années 70 feront bande à part. Les années 20, 30, 50, et surtout 60 seront de retour.
Julien Fournié (TORRENTE) ressuscite les années 20/30. Mafioso en pardessus et costard impeccable décliné en 2 gris, croisant dans un éclairage rouge d’enfer des stars crantées par Isabelle Luzet. Redingotes à larges jupes en agneau plongé nègre ou satin mordoré, cols de renard pour nouvelle Marlene. Bravo. MARTINE SITBON danse toujours, en velours aux couleurs épicées et salomés de charleston.
Autres interprétations des années folles : un Japon surdimensionné, Galliano pour DIOR, une Chine étroite, Tom Ford pour son dernier défilé SAINT LAURENT RIVE GAUCHE.
Beau volume court très 50’ chez BRUNO PIETERS. Tailleurs dépareillés : vestes noires effet cape courte, prolongées de gants en peau bleu nuit, sur jupes sombres à plis ronds; jambes blafardes dans hautes, fines bottines marine plastifiées. Vampires, ailes repliées.
Concert dans les années 50, TSUMORI CHISATO : jupe en soie style Hermès imprimée d’instruments de musique classique bien rangés.
Des fifties très candies pour XUAN-THU NGUYEN, jupe de batiste vieux rose ornée de 300 petits nœuds en satin de même nuance, soutenue par 2 épaisseurs d’organdi blanc.
Les années 60 en majesté : CARDIN réédite la fameuse robe « Cible » (750 € au Printemps). Rétrospective de 40 ans de prêt-à-porter, le cercle dans tous ses états. GILLES DUFOUR trompe l’œil en mélangeant tweed caviar et maille à losanges et orchidée.
IRENE MUNGER et son manteau élégant en jacquard tissé à ramages bleu de Prusse/grège. Ou Erin Fetherston pour PLUME ET PIERRE dans sa robe en shetland violet lumineux.
Sinon, ANDREW GN et ses bourgeoises en manteaux poivre et sel envisonnés et décorés partout de petits nœuds, boutons en cloisonné, Arthus-Bertrand, bijoux Robert Goossens.
On étouffe, ici. Les seventies prennent la route. UNDERCOVER et ses musicos sans sexe, sans âge. Veste chanelisante décomposée framboise rebrodée de pampilles rubis. Tas de nippes en perruques, crâne sac à main, et au dos d’une veste en toile à matelas rayée (la Peste veille). « Guitar is my only weapon », lamente Patti Smith.
K.L. rend aux gars ce que CHANEL leur a pris et donne aux filles des casquettes de routiers. YOICHI NAGASAWA habille les nomades du XXIIème siècle. Tout est faux. Jacquards norvégien péruvien imprimé sur tulle stretch, fausse paille et faux chocolat fondu, et surtout jambières et manches en faux cheveux blonds. Les Indiens sont vengés. Du jamais vu.
Enfin, GALLIANO et ses clochardes magnifiques, Folle de Chaillot ou Autant en emporte le vent ? Crinolines criardes rayées sur corsets délirants. Ménagères en inox sur anglaises virées dreadlocks. J’entends Mama d’ici : « Ils ont tout volé, Mam’zelle Sca’lett ».Visionnaire.
C’est désespérant, impossible de tout raconter là. Tout était si sublime. S’il y a du grotesque, je ne le vois pas. L’hiver prochain, je l’adore. En bourge ou en bohême. |
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